Discophenia, le disquaire aux mille facettes
Par Ace, le 30/12/2022
Temps de lecture : 6 minutes
Une découverte inattendue
La première fois que j'ai franchi le seuil de Discophenia, c'était un samedi de septembre - une surprise d'anniversaire comme on ne peut pas faire mieux, selon moi. Des proches résidant à Chilly-Mazarin m'avaient parlé de cette petite boutique toute neuve, ouverte en mars 2021. À la simple entente de son nom révélateur, j'ai su qu'elle allait me plaire : The Who et moi, c'est une grande histoire d'amour. Autant vous dire qu'en tant qu'amatrice chevronnée, je suis rapidement tombée sous le charme rétro du magasin et des nombreux articles proposés : vinyles et CD en tous genres, accessoires rock et vêtements vintage en veux-tu en voilà, livres sur la musique et autres cadeaux divers à offrir à un amoureux du quatrième art.
Lors de ma première visite à la boutique, j'ai dégotté une compilation punk et une perle rare de The Clash - j'ai même commandé un T-shirt du même groupe (oui, avec le temps j'ai trouvé d'autres types avec lesquels vivre une nouvelle histoire d'amour...), mais je n'ai pas rencontré le propriétaire.
Le 23 septembre (je m'en souviens car c'est l'anniversaire de mon héros Bruce Springsteen...), je suis revenue à la boutique pour assister à une conférence sur le festival de Woodstock, animée par Grégory, fondateur de Discophenia. Dès lors, le magasin est devenu pour moi plus qu'un simple disquaire : c'est un véritable lieu d'échange, de rencontres et de découvertes culturelles.
Quelques jours plus tard, je me suis rendue chez Discophenia pour récupérer ma commande (vous savez, The Clash.) C'est là que j'ai eu ma première conversation avec Grégory : il m'a lancée en me parlant du prochain concert auquel il allait assister, celui de la grande Patti Smith, et notre conversation s'est rapidement transformée en un échange captivé autour de notre passion commune : la musique.
Depuis, Discophenia est un des disquaires chez lesquels je me rends régulièrement ; j'ai l'habitude de côtoyer Crocodisc ou plus rarement Born Bad et Mood, tous situés à Paris. Pourtant, je me rends toujours à Juvisy en sachant une chose : j'en repartirai avec les échos d'une discussion intéressante en plus d'un vinyle sous le bras !
Rencontre avec Grégory
Récemment, j'ai pu m'entretenir à propos de Discophenia avec Grégory ; l'occasion d'en apprendre plus sur son projet, sa boutique et peut-être des nouveautés à venir !
Quel était ton projet lorsque tu as ouvert la boutique ?
Sur le plan personnel, l'objectif était de réussir une reconversion ; d'une façon générale, le projet est surtout de prouver qu'un disquaire peut exister en banlieue. Si c'est réussi ? Il faudra attendre cinq ans en tout pour s'assurer que ça tient !
Avais-tu des ambitions bien fondées ou tes idées te sont-elles venues au fur et à mesure ?
Toutes les idées mises en place pour Discophenia étaient prêtes avant son ouverture.
Grégory organise de temps en temps des conférences au sein même de la boutique. Les sujets sont toujours centrés autour de la musique, s'intéressant tantôt à des mouvements (le punk ou la culture hippie) tantôt à des artistes (The Beatles ou David Bowie). Ces prestations totalement gratuites sont données dans la pièce principale du magasin, au milieu des vinyles ; l'ambiance idéale pour replonger dans des époques pas si lointaines qui continuent de fasciner des passionnés de tous âges.
Tu peux nous en dire plus sur les conférences ?
Organiser des conférences, c'est déjà proposer un service gratuit à chacun, mais c'est aussi un moyen de communiquer avec la clientèle, de se rapprocher d'elle et de faire venir des gens autrement que par l'achat.
Concernant les clients, y a-t-il un profil-type ? T'arrive-t-il de faire des rencontres inattendues ou surprenantes ?
Il n'y a pas de profil-type. Les clients de Discophenia sont de tous les âges, pas de style en particulier. Grégory n'est jamais vraiment surpris par les personnes qui fréquentent sa boutique, et cette diversité s'explique très certainement par le large choix proposé dans les bacs à CD ou vinyles !
Y a-t-il un genre musical mis en valeur ?
Le rock - aussi vaste soit le terme - est majoritaire, mais Discophenia propose presque de tout : pop rock, punk, metal, hip-hop, jazz, soul, funk, électro, musique folklorique, chanson française, et même de la K-Pop !
Et toi, tu as un style de prédilection ?
Le rock en général, sous toutes ses formes - et je peux vous dire qu'elles sont nombreuses... Le nom de la boutique est une référence à The Who et leur Quadrophenia, mais davantage en tant que film qu'en tant qu'album. L'œuvre étant profondément liée à la culture britannique, Discophenia renvoie à son tour cette atmosphère tout à fait british, l'Angleterre étant un des principaux berceaux du rock.
Sorti en 1979, le film musical Quadrophenia est une fidèle adaptation de l'opéra-rock de The Who. On y suit Jimmy et sa bande, fiers mods voguant entre Londres et Brighton en 1964. Un long-métrage respirant la jeunesse, la frustration adolescente, la contre-culture, les scooters et surtout, une Angleterre plongée dans la vague rock des années soixante.
Fréquentes-tu des disquaires à Paris ?
Pas tant que ça. Même avant Discophenia, ce n'était pas une habitude, mais c'est d'autant plus difficile aujourd'hui car évidemment, les heures d'ouvertures des disquaires parisiens sont les mêmes que les heures de travail de Grégory ! Cependant, il cite volontiers Balades Sonores, qui propose également un choix plus généraliste.
As-tu d'autres projets et nouveautés à proposer bientôt ?
Beaucoup d'idées de développement pour la boutique continuent de voir le jour ! Il s'agit surtout de petites innovations faciles à mettre en place, mais un plus gros projet attend patiemment... il s'agirait de rencontrer une personne de confiance avec laquelle mettre en place un système de franchise... et ouvrir une seconde boutique en banlieue et/ou au bord de la mer. S'il y a des disquaires de banlieue, pourquoi pas des disquaires de plage ?
Le mot de la fin
Quand il s'agit de musique, je préfère toujours me fournir dans de petits magasins, là où le client peut se sentir proche de ce qu'il aime, où il peut prendre du temps à parcourir minutieusement les rayons, demander de précieux conseils et parfois même, faire de belles rencontres, le tout dans une ambiance qui lui est chère. Discophenia fait définitivement partie de mes "must-go" réguliers, où je sais que je pourrai toujours trouver quelque chose de nouveau, une rareté pour mes collections (je vais compter mes disques de The Clash, je reviens...) ou un disque quasi-introuvable que j'ai longtemps cherché (ah, il se sera fait désirer, ce Rockin' All Over The World de Status Quo !)
Aller, il ne vous reste plus qu'à sauter dans le RER C le plus proche, le dernier arrivé paye la tournée !
Pour aller plus loin...
La playlist spéciale Discophenia - un résumé de mon expérience en musique
★ The Real Me, The Who ★ Rudie Can't Fail, The Clash ★ Cadillac Ranch, Bruce Springsteen ★ People Have The Power, Patti Smith ★ Blue For You, Status Quo ★ Running To Stand Still, U2 ★ Gangsters, The Specials ★